Pablo del Pozo est un artiste de la matière. Ses plus récentes expérimentations l’amènent à délaisser matériaux de construction, poudres pigmentaires, métaux et céramiques présents dans ses productions plus anciennes pour se tourner vers une pratique textile qui combine savoirs-faire artisanaux et procédés industriels. Tandis que les techniques du crochet et de la tapisserie donnent corps à d’étranges créatures suspendues aux allures d’objets rituels, le recours au tufting renvoie irrévocablement aux tapis d’éveil de notre enfance. La dimension haptique des matières évoque la douce sensation du toucher à la surface de notre peau, tandis que les motifs aux couleurs sanguines projettent notre attention au plus profond de notre chair. Ensemble, ils appellent le regard, le corps, le désir de plonger au cœur même des matières en jeu. Un savant jeu d’échelle entre le micro- et le macroscopique fait se télescoper intérieur et extérieur des corps et gomme les différences intelligibles entre humains et non-humains : sommes-nous en train de contempler des nervures de feuilles végétales, des motifs d’ailes de papillon ou encore des images échographiques de boyaux humains ? Pablo del Pozo donne ainsi naissance à des êtres à la fois incertains et puissants, qui font les équilibristes entre abstraction et figuration, entre deuxième et troisième dimension, entre moyens scientifiques et populaires de production et de transmission des savoirs. Ses œuvres donnent à voir leur processus de création autant que la déstructuration inévitable à venir et déjà en cours. Une ode à la vie qui jaillit pour s’éteindre aussitôt au profit d’interactions écosystémiques qui dépassent l’échelle de nos corps et de notre compréhension du temps.
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Sortie de résidence, vendredi 25 octobre, 18h30
à la Diode, 190 bd Gustave Flaubert à Clermont-Ferrand
L'œuvre de Pablo del Pozo déborde d'un comportement charnel évident, bien que sa douceur physique et chromatique nous détourne de son origine viscérale. La pièce qui en résulte devient à la fois une sculpture textile et une peinture, faisant référence à l'intérieur du corps tout en étant elle-même un corps. Les interférences dans sa production passent par le floral, l'anatomique et même l'atomique. La curiosité de Del Pozo culmine dans une autopsie de l'organique, un besoin de créer avec ses mains ce qu'il ne peut pas voir, entendre ou toucher.
Texte de Eladio Aguilera