Né en 1990, vit et travaille entre Rouen et Paris.
Inviter Xavier Michel en résidence présente une certaine prise de risque. Il fait partie de ces artistes bricoleur·euses qui ne peuvent se déplacer sans leur arsenal d’objets, d’outils, de caisses et de malles à trucs (1). Pour le dire grossièrement, Xavier Michel transforme les espaces qu’il habite par son travail en capharnaüm doucement bordélique, entre atelier et laboratoire, dans lequel il s’affaire en inventeur fou, ou en amoureux de la sérendipité qui expérimente et teste, rate parfois, retente, rate mieux (2). Mu par un besoin irrésistible de comprendre comment les choses fonctionnent, il les démonte et les ré-assemble, les fabrique lui-même, les modifie, les agence, les fait résonner de concert. Tout tient dans un équilibre précaire et fragile, maintenu et activé par les mains et le corps de l’artiste, des jeux de ficelle et des tours de jonglage. Il crée ainsi des systèmes ingénieux dans lesquels tout est lié dans une inter-dépendance joyeuse, et dans lesquels il semble, lui aussi, chercher sa place. Ses gestes et sa sensibilité empruntent au spectacle burlesque, dans lequel il joue le rôle d’un Buster Keaton romantique et éternellement confronté au risque de la catastrophe. Tel un prestidigitateur en apprentissage, il crée des illusions magiques, mais dans lesquelles il finit toujours irrémédiablement à poil (3), portrait mélancolique de l’artiste en saltimbanque (4).
(1) Voir le concept du bricolage développé par Claude Lévi-Strauss dans La pensée sauvage, 1962.
(2) D’après Samuel Beckett, dans Cap au pire, 1983.
(3) Xavier Michel, Rap à poil, 2023.
(4) Jean Starobinski, Portrait de l’artiste en saltimbanque, 1970.